À la faveur de la célébration de la Journée mondiale des compétences, Hermann Toualy, Coordonnateur du Bureau de coordination des programmes Emploi, sous tutelle du Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l'insertion professionnelle et du Service civique met en lumière les résultats des projets PEJEDEC et C2D initiés par le gouvernement respectivement en 2011 et 2013.
L'édition 2025 de la Journée mondiale des compétences met l'accent sur l'autonomisation des jeunes grâce à l'IA et aux compétences numériques. En quoi ce thème fait-il écho aux priorités du BCP Emploi ?
Initiée par les Nations Unies, la Journée sur les développements des compétences est à sa dixième édition en 2025. Mais, c'est la première année que nous l'avons célébrée. Nous avons donc souhaité, à travers cette Journée, mettre en lumière les actions que nous menons dans le cadre global du Programme Jeunesse du Gouvernement (PJ-Gouv), dans lequel nous intervenons également à travers nos projets.
En notre qualité d’acteurs de l'emploi, nous avons aujourd’hui l'obligation d'assurer l'insertion des jeunes. Voilà pourquoi, il nous faut aller vers les secteurs porteurs d’emploi, directement ou indirectement, notamment le secteur du numérique qui s’affirme dans notre monde en transformation quotidienne.
Nous avons, pour ce faire, saisi au bond cette Journée, non seulement pour promouvoir les actions, mais surtout, compte tenu du thème, réaffirmer davantage notre engagement sur ce domaine du numérique, et plus particulièrement de l'Intelligence artificielle.
Quelles ont été, à votre niveau, les activités organisées à l’occasion de cette Journée mondiale des compétences ?
Nous avons organisé une cérémonie dédiée à cette Journée, qui s'est déroulée au Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville, en présence de quatre ministres. Cette cérémonie a eu pour grandes étapes des allocutions, comme à l’accoutumée, mais surtout, un panel d’échanges entre des experts de l'Intelligence artificielle et des ministères techniques impliqués dans les programmes, notamment le ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation, le ministère de la Promotion de la jeunesse, le ministère de l'Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage. Aussi, certaines personnes qui interviennent dans le domaine du numérique ont bénéficié de financements, notamment une jeune dame qui a développé un site, akwaba.ci, qui permet de mettre en lien les personnes intéressées par le tourisme et la culture de la Côte d'Ivoire ; ainsi qu’un jeune, qui intervient dans l'informatique, mais spécialement dans le numérique, propriétaire d'une start-up.
Nous avons, en outre, eu des activités média. Il a été organisé également des visites en entreprise. Voilà donc les trois activités principales (visites en entreprise, panel d'échange et puis émission de télévision) qui ont meublé cette journée.
Le BCP Emploi coordonne des projets tels que le PEJEDEC et le C2D emploi. Pouvez-vous nous présenter brièvement ces projets ? Et quels sont les objectifs principaux de ces projets en matière de développement de compétences ?
Le Projet Emploi Jeune Développement de Compétences (PEJEDEC) bénéficie de l'appui financier de la Banque mondiale. Et le C2D Emploi est un projet financé avec l'appui du Gouvernement français à travers l'Agence Française de Développement (AFD). Ces deux projets ont démarré, respectivement, pour le PEJEDEC en 2011, et le C2D en 2013. Nous sommes aujourd'hui, pour l'ensemble de ces deux projets, à la troisième phase.
Ces projets visent trois points essentiels. Le premier est d’améliorer les compétences des jeunes pour favoriser leur employabilité pour leur insertion professionnelle, que ce soit au niveau de l'emploi salarié que de l'auto-emploi. Le deuxième objectif est d'accompagner les stratégies gouvernementales en matière d'emploi, notamment des appuis au niveau de l'Observatoire National de l'Emploi et de la Formation. Nous finançons la partie mise en place du système d'information du marché du travail. Le troisième point consiste à accompagner l'écosystème de l'emploi, à le structurer, mais aussi à renforcer la formation professionnelle.
Dans le cadre du PEJEDEC, nous avons par exemple un gros financement d’environ 30 millions de dollars (environ 16,9 milliards de FCFA) pour accompagner au renforcement et à la modernisation de l'enseignement technique par la réhabilitation de certains centres, ainsi que certaines réformes de l'enseignement technique. Ces deux projets ont donc une action sur l'employabilité des jeunes, sur les stratégies gouvernementales et sur le développement de l'écosystème de l'emploi et de l'enseignement, de la formation professionnelle.
Pouvons-nous avoir, à ce jour, une idée du nombre de bénéficiaires de ces deux projets depuis leur mise en place ?
De façon globale et consolidée, nous sommes à environ 222 000 bénéficiaires entre les deux phases, y compris les résultats de la phase actuelle.
Quelles sont les prochaines étapes du BCP Emploi pour continuer à renforcer l'employabilité des jeunes en Côte d’Ivoire ?
Déjà, les différents programmes que nous accompagnons en termes de financement contribuent à ces compétences, avec les trois éléments clés : le savoir technique, le savoir-faire et le savoir-être. Si vous prenez par exemple un jeune qui est en formation de stage, cela veut dire qu’il a les données techniques nécessaires au poste auquel il est affecté. De même, à travers son accompagnement et les activités qu'il va mener, il va acquérir le savoir-faire, et les Conseillers en emploi de l’Agence Emploi Jeunes (AEJ) et les encadreurs de l'entreprise vont lui apporter le savoir-être.
Pour l'apprentissage, nous travaillons avec l'Agence Nationale de la Formation Professionnelle (AGEFOP). Les jeunes font l'apprentissage dual. Ils sont mis en entreprise à 75% de temps et ils ont 25% de temps en cours théorique, leur permettant ainsi d'acquérir la compétence technique. La présence en entreprise leur permet d'acquérir le savoir-faire et, à travers les conseillers et le suivi, on leur inculque la notion du savoir-être. Mais le savoir-être n'est pas uniquement dans le programme. C'est l'environnement familial, ainsi que l'environnement de la société qui permettent à ces jeunes de l’acquérir.
Au niveau de l'entrepreneuriat, nous avons monté un gros projet avec Côte d’Ivoire PME qui s'appelle Start Impact. Les cabinets en charge de ces formations, en plus des modules techniques de l'entrepreneuriat, ont également des modules sur le savoir-être, c’est-à-dire la résilience du jeune, notamment le mindset, qui lui permet d'avoir beaucoup de solidité et d'imagination. Notre agenda continue donc sur ces différents programmes, à travers ces trois canaux : savoir technique, savoir-faire et savoir-être.
Est-il possible, aujourd'hui, d'avoir le profil des jeunes bénéficiaires des projets que vous portez ?
Nous n’avons pas un ciblage ou un profil spécifique, puisque nos projets s'adressent à tout type de jeunes. Pour les diplômés, il y a des stages, des formations de reconversion mises en œuvre à travers l'Agence Emploi Jeunes, ainsi que l'entrepreneuriat. Pour des jeunes peu ou pas diplômés, les déscolarisés, il y a des programmes tels que l'apprentissage, des chantiers-écoles. Et dans le cadre du Contrat de Désendettement et de Développement (C2D), il y a le projet de resocialisation qui permet de prendre en charge des jeunes en marge de la société à cause de leurs comportements. Ils sont placés dans des centres de services civiques où ils reçoivent une formation au civisme à travers une formation militaire, accompagnée d'une formation professionnelle.
Ce sont des programmes qui ont été conçus de telle sorte que chaque programme soit adapté aux jeunes. Nous avons donc une réponse à tout type de jeunes. Mais, c'est l'âge qui fait la différence. Au démarrage des projets, nous étions entre 18 et 30 ans. Au fur et à mesure des discussions entre les partenaires techniques et le Gouvernement, nous sommes passés à 35 ans. Et aujourd'hui, nos projets couvrent une population entre 18 et 40 ans.
Votre mot de fin
Je voudrais vous remercier de cette opportunité que vous nous donnez. Mais surtout insister sur le mot « compétence ». Je pense qu'il y a peut-être une chose à laquelle nous ne prêtons pas attention. Et pourtant, nous sommes les premiers demandeurs de compétence. La compétence nous concerne dans notre vie quotidienne, d’autant plus que lorsque nous allons à l'hôpital, par exemple, notre objectif est d’avoir un médecin compétent pour nous traiter. De même, lorsque nous déposons notre véhicule dans un garage ou chez le concessionnaire, notre objectif est que notre voiture nous soit rendue de façon nickel. Car l'incompétence de celui qui a monté le véhicule peut entraîner des conséquences assez dommageables.
Le dernier exemple est un peu plus quotidien. Lorsque nous allons manger dans un restaurant, nous espérons toujours manger le meilleur plat, avoir le meilleur service-traiteur. C’est bien parce que les serveurs ont été formés qu'ils sont compétents pour nous offrir un service impeccable, à la hauteur de ce que nous payons. Mais, s’il y a quelqu’un qui n’est pas compétent, qui n’a pas assuré son travail, nous pouvons avoir une indigestion.
Dans le cadre de nos projets, nous avons donc ce souci, toujours en lien avec les actions gouvernementales, de donner le maximum et la qualité de compétence à nos jeunes. Car tous, où que nous soyons, quel que soit notre niveau, nous sommes tous consommateurs de la compétence.
CICG