5e et dernier jour de la Foire de l’emploi et du recrutement / À côté des jeunes en quête d’emploi salarié, il y a ceux qui recherchent un financement pour se lancer dans l’entrepreneuriat.
À côté des jeunes en quête d’emploi salarié, il y a ceux qui recherchent un financement pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Nombreux sont ceux qui ont fait le déplacement à la salle François Lougah du Palais de la culture de Treichville. Nous avons suivi leur coaching hier, jeudi 6 mars 2025, entre midi et deux. Venu de la région de la Nawa, précisément de Méagui, Koné Drissa est arrivé à Abidjan à 4 h du matin. Depuis 8 h, il est au Palais de la culture de Treichville où il est allé soumettre un projet en vue de bénéficier d’un financement, à l’occasion de cette foire de l’emploi et du recrutement. À 39 ans, il est titulaire d’un BTS en agriculture depuis 2010. Plutôt que de rechercher obstinément un emploi, il s’est lancé dans l’entrepreneuriat agricole, son père étant déjà un planteur. Aujourd’hui, il est à la tête d’une coopérative agricole à Méagui.
Pourquoi Koné Drissa, Gouénin Janelle…
« Cette foire de l’emploi est une opportunité que les jeunes doivent saisir car, il y a une nette différence entre l’offre des banquiers et celle du gouvernement. Nous avons l’habitude de prendre des prêts auprès des banques. Le délai de remboursement est tellement court que nous subissons un stress difficile à supporter. Ici, le remboursement est de 36 mois. Nous pensons que ce délai est supportable », nous confie-t-il, après être sorti de la salle François Lougah où sont massées des centaines de personnes venues solliciter un financement. « Malheureusement, se désole-t-il quelque peu, on me dit que je ne pourrai pas avoir les 50 millions de FCFA que j’ai sollicités. On me dit que le quota de financement fixé pour cette foire est de 10 millions de F CFA. Il va donc me falloir réadapter mon projet à cette nouvelle donne ». Cela dit, il salue cette perche que le gouvernement leur tend. L’entrepreneuriat, Gouénin Janelle, le préfère à la recherche d’emploi salarié. À 39 ans, elle est titulaire d’un BTS en Transit et est mère d’un enfant. Depuis le matin, elle a quitté Yopougon pour le Palais de la culture avec l’espoir de bénéficier d’un financement pour développer son activité de coiffure. « Je fais la coiffure actuellement. J’ai un salon de coiffure, mais pour que ça puisse bien fonctionner, il me faut vendre aussi des mèches dans le salon. J’ai déjà tout ça, mais je n’ai pas l’argent pour acheter les mèches. Je souhaite donc ouvrir une boutique de mèches où je vais pouvoir confectionner et vendre des perruques et faire du tissage », explique-t-elle, dès sa sortie de la salle François Lougah où des agents de l’Agence Emploi Jeunes défilent pour aider les aspirants au financement à remplir leurs plans d’affaires.
…et Romaric Malan se sont lancés dans l’entrepreneuriat
« Même si on n’a pas eu ce qu’on veut ici, ces informations qui nous sont données peuvent nous aider à nous lancer dans l’entrepreneuriat en cherchant des fonds ailleurs pour réaliser notre rêve. En tous cas, leurs explications m’ouvrent l’esprit », se satisfait la jeune dame. Laquelle ajoute : « Je souhaitais avoir un financement d’un million de F CFA, mais après toutes les explications qu’ils nous ont données, je suis arrivée à estimer mon besoin en financement à 800 000 FCFA, sans compter mon apport personnel en nature ». Mère d’un enfant, elle dit avoir opté pour l’entrepreneuriat pour faire face aux charges de celuici. « Il faut que je sois stable financièrement pour pousser mon enfant dans ses études et l’aider plus tard à réaliser ses rêves », lâche-t-elle. Des motivations qui sont bien loin de celles de Romaric Malan, ingénieur et entrepreneur. Agé de 30 ans, il s’est lancé dans l’entrepreneuriat en mettant sur pied un projet de commercialisation de matériaux de construction, qui s’est grippé un an après. « J’ai décidé de m’engager dans l’entrepreneuriat pour plusieurs raisons. J’ai d’abord travaillé en entreprise, mais j’ai constaté que je ne disposais pas d’assez de temps pour moi-même. Par ailleurs, j’avais un salaire qui était constant, alors qu’avec l’entrepreneuriat, le chiffre d’affaires peut évoluer. Ce sont toutes ces raisons qui m’ont amené à me lancer dans l’entrepreneuriat », justifie-t-il son choix d’opter pour l’entrepreneuriat. Il dit être venu chercher un financement de 5 millions de FCFA. « J’avais souhaité avoir un financement de 5 millions de FCFA pour relancer mon activité que j’avais dû arrêter après un an d’exercice. Mais, ils m’ont fait savoir que je ne remplissais pas les conditions pour bénéficier d’un tel financement. Du coup, je vais devoir rentrer à la maison pour redessiner le projet que je vais leur soumettre », nous fait-il savoir, non sans saluer l’opportunité offerte à la jeunesse à travers cette foire de l’emploi.
Un coaching pour monter un plan d’affaires
Koné Drissa, Gouénin Janelle et Romaric Malan font partie des centaines de jeunes et moins jeunes, réunis cette après-midi-là au sein de la salle François Lougah pour remplir un document de 9 feuillets, dénommé « Plan d’affaires simplifié ». Plusieurs d’entre eux peinent à le renseigner correctement. Pour les y aider, des agents de l’Agence Emploi Jeunes sont amenés à se succéder pour les orienter et leur expliquer des concepts qui leur semblent flous ou incompréhensibles. « Vous êtes nombreux, on ne peut pas renseigner pour chacun de vous. Adaptez le plan standard que vous avez entre vos mains à votre projet (…) Je disais que là où c’est écrit « frais d’établissement », ce sont les frais de création d’entreprise. Dans le cas des AGR (Activité Génératrice de Revenu), il n’y a pas de frais d’établissement », explique Christian Hippaud, analyste financier à la Direction du partenariat et du financement de projet à l’Agence Emploi Jeunes. « Il y a un réel engouement, mais les jeunes éprouvent des difficultés pour remplir le plan d’affaires. Depuis le matin, on ne fait qu’expliquer pour qu’ils comprennent », nous explique-t-il, tout en indiquant que ce sont plus de 300 plans d’affaires qui ont été réceptionnés à la date du mardi 4 mars 2025. « Beaucoup rencontrent des difficultés au niveau de l’étude financière des projets. Or, c’est à partir de l’étude financière que nous apprécions la rentabilité du projet. Donc, c’est un aspect très important », souligne l’analyste financier. Lequel nous explique que les plans d’affaires conformes aux critères de sélection sont sélectionnés en même temps sur le site de la foire. « Après la sélection, ils seront contactés quand on va rentrer dans la phase de financement ou de déblocage du prêt. Je précise qu’il ne s’agit pas de subvention, mais de prêt. Ceux qui seront retenus, leurs noms seront inscrits sur une liste qu’on va rendre publique. Et la procédure va suivre son cours après la foire », clarifie-t-il. Et d’indiquer qu’à l’occasion de la foire de l’emploi, le verrou de l’âge, qui était plafonné à 40 ans par l’Agence Emploi Jeunes, a sauté. Cela explique que l’opportunité ait été offerte à des seniors et à des femmes illettrées qui peinaient à remplir le plan d’affaires.
Source : Journal l@venir - ASSANE NIADA