Les jeunes en Côte d’Ivoire se définissent comme des personnes d’âge compris entre 0-35 ans. Ils représentent plus de 77% de la population ivoirienne et font face à de nombreux défis en matière d’éducation, de santé et d’emploi. Le Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique est le Ministère qui leur est dédié et qui a pour mission d’assurer au Jeune, un environnement plus protecteur et de promouvoir des actions d’amélioration du cadre de vie des jeunes aux plans moral, sanitaire, psychologique et physique.
Ces missions interviennent dans un contexte dominé par la recrudescence des fléaux sociaux dont le VIH (La pandémie du VIH/Sida a atteint un taux alarmant à cause de la prévalence du VIH (estimé à 11% chez les jeunes de 15-20 ans contre 3,2% du taux national), la consommation des stupéfiants, les mariages et grossesses précoces et enfin les violences basées sur le genre (VBG). S’y ajoutent aussi les fléaux sociaux existants et ceux dits émergents en lien avec les conduites addictives en matière de consommation d’alcool, des drogues et produits dérivés y compris le tabac.
Face à ces nombreux défis auxquels les jeunes font face, le Ministère de la Promotion de la Jeunesse, soutenu par les partenaires institutionnels et les agences du système des Nations Unies, promeut la Santé Sexuelle de la Reproduction (SSR), la prévention des IST/VIH/Sida, la préservation de l’environnement social et l’insertion socio-économique pour assurer un mieux et un bien-être à tous les jeunes en général et singulièrement aux jeunes en dehors des écoles, les non scolarisés et déscolarisés.
En ce qui concerne la santé sexuelle de la reproduction, plusieurs constats sont faits : - les jeunes entament l’acte sexuel, de façon précoce et bien souvent avant même l’âge de 15 ans (20% des jeunes) et 69% avant 18% ; - les jeunes filles sont plus précoces que les jeunes hommes ; - une forte proportion de la population féminine (85%) (des 15-19 ans), ont une connaissance relativement faible des méthodes de contraception.
En conséquence, la fécondité demeure élevée en Côte d’Ivoire, l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) étant estimé à 5,0 enfants par femme avec une fécondité précoce élevée, et les jeunes demeurent ainsi exposés aux maladies et aux grossesses précoces non désirées. Cette situation induit ainsi des inquiétudes quant à l’atteinte du dividende démographique, les risques liés à la précocité des premiers rapports sexuels, aux grossesses précoces et les tentatives d’avortement.
Les jeunes sont exposés au risque de contracter le VIH qui se transmet généralement par les rapports sexuels non protégés. Les filles sont plus exposées à ce fléau que les jeunes hommes. Cette vulnérabilité physiologique et biologique des jeunes filles face au virus du sida est d’autant plus grave que pour la majorité des femmes, l’accès à l’information, à l’instruction et aux services de santé de la reproduction est limité.
La santé sexuelle et de la reproduction de la jeunesse est préoccupante en raison du taux de séroprévalence élevé (3,7% selon EDS 2012) que connaît la Côte d’Ivoire. Conformément aux recommandations de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD, Caire, 1994), la priorité devrait être accordée à l’éducation, à l’information et aux soins de santé des adolescents et jeunes.
En réponse, la Côte d’Ivoire a mis en œuvre un projet de promotion de la Santé sexuelle et de la Reproduction y compris la prévention du VIH avec la création des Centres d’Ecoute et de Conseils (CEC) et des espaces café jeunesse en tant que guichets d’information de conseil et d’orientation. Mais ces institutions sont en nombre insuffisants et rencontrent par ailleurs des difficultés structurelles par insuffisance de ressources.
La consommation de tabac est d’abord un phénomène masculin en Côte d’Ivoire, et reste majoritairement en lien avec les Jeunes. Quelques cas de consommation de tabac à chiquer reste importante pour certaines femmes du centre du pays.
Le phénomène de la drogue est mal connu en Côte d’Ivoire, mais mérite une attention particulière chez les professionnels du sexe. 16 % des femmes qui se prostituent consomment de la cocaïne, 2,6% de l’héroïne et 17% du chanvre indien.
La prolifération du phénomène des fumoirs à Abidjan contribue à alimenter le secteur de la drogue; 50 % des interpellations faites par la police pour fait de toxicomanie ont eu lieu dans les fumoirs, avec des jeunes gens et des filles.
Face à cette problématique, il est recommandé de protéger les jeunes en maintenant la veille préventive face aux conséquences du tabac et de la drogue sur la santé et en renforçant la lutte contre les trafiquants de produits illicites.
La jeunesse, singulièrement les jeunes femmes, n’échappe pas au phénomène des VBG : - violences physiques, violences verbales, violences psychologiques - violences sexuelles - violences économiques.
De façon précise, les faits confirment la forte prévalence de certaines pratiques néfastes chez les adolescentes, notamment l’excision, les mariages précoces forcés, En Côte d’Ivoire, de nombreuses mesures ont été prises pour renforcer les campagnes de mobilisation en faveur de l’abandon total de l’excision.
Ainsi, l’excision est interdite par la loi n° 98-757 du 23 décembre 1998. En 2014, un plan stratégique de Lutte Contre les Violences Basées sur le Genre a été adopté. Malgré ces interdictions, elle continue d’être pratiquée, mettant ainsi en péril la vie de nombreuses jeunes filles.
Le mariage précoce, qui semble avant tout avoir un fondement économique, est traité à travers la sensibilisation des parents, l’autonomisation de la femme et de la jeune fille et leur insertion socioéconomique
L’environnement social du jeune n’est pas sécurisant du fait :
- de la situation politique et économique
Le pays est dans une phase de reprise économique. Mais les effets ne sont pas perceptibles au niveau des jeunes en terme d’emploi et d’accès au marché du travail. L’essentiel des efforts est orienté vers la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures de base.
Avec le retour de Côte d’Ivoire et son rôle stratégique dans la sous-région en matière de commerce international un flux important de véhicules de transport de marchandises et de voyageurs s’observe dans tout le pays; occasionnant malheureusement la prostitution dans les grandes villes, aux différents corridors routiers et dans les localités environnantes;
- de la situation socio-démographique des adolescents et des jeunes
Les adolescents et les jeunes représentent plus de 34% de la population totale, ce qui implique d’importants besoins sociaux.
En outre les migrations internes, orientées généralement des zones de savanes vers les zones forestières se sont intensifiées, ces phénomènes de mouvements des populations concernent en majorité des jeunes, des enfants et de femmes.
Par ailleurs le pays connait une urbanisation croissante alimentée particulièrement par l’exode des adolescents et des jeunes non scolarisés et déscolarisés, particulièrement des filles ;
- de la pauvreté et des inégalités
En Côte d’Ivoire, le nombre de pauvres a été multiplié par 10 en l’espace d’une génération; la pauvreté est inégalement répartie entre les régions : Les régions du Nord (77,3%), de l’Ouest (63,2%), du Nord-Ouest (57,9%), du Centre (56%), du Zanzan (54,7%) enregistrent les taux de pauvreté les plus élevés et la plupart des pauvres sont en général les jeunes et les femmes ;
- de la situation de l’éducation/formation
L’analyse de l’accès et de l’achèvement du cycle primaire montre des dysfonctionnements résultant de plusieurs facteurs dont :
La faible capacité d’accueil des infrastructures, la situation sociale des parents et les pesanteurs socioculturelles;
Le taux net de scolarisation au primaire est de 56.1% en 2008 et le taux d’achèvement du cycle primaire de 51.1% ;
L’environnement éducatif subit des préjudices avec un nombre important de déscolarisés, composé en général de jeunes filles;
L’emploi et le chômage, particulièrement celui des jeunes, fait partie des questions majeures du développement de la Côte d’Ivoire. La baisse du chômage observée en 2012 (9,4%) par rapport à 2008 (15, 7%) n’a pas changé le caractère précaire des emplois.
De plus, le secteur informel occupe 90% de la population active sans protection sociale, ni rémunération suffisante. Le chômage touche plus les jeunes parce que les 2/3 des chômeurs ont moins de 30 ans ;
Malgré La volonté politique pour réduire les inégalités au plan institutionnel et les progrès enregistrés depuis la mise en œuvre des plans/programmes, des inégalités basées sur le genre persistent à plusieurs niveaux : accès aux services sociaux de base (éducation, santé), accès à l’emploi, accès aux ressources et facteurs de productions notamment la terre et le crédit, prise de décision et participation à la vie publique et politique ;
La Côte d’Ivoire demeure parmi les pays à développement humain faible (170ème rang sur 187 pays en 2011) selon le PNUD. En effet le dispositif de protection sociale reste limité pour les couches les plus vulnérables et ce bien que le pays ait ratifié plusieurs engagements internationaux fondés sur les principes de base des droits humains et relatifs à la protection sociale.
Les couches les plus vulnérables et les plus exposées au risque social sont les handicapés, les personnes âgées, les femmes, les enfants, les jeunes et les démunis.
Le phénomène d’enfants de la rue ou dans la rue, conséquence du dysfonctionnement du tissu familial est localisée dans les zones urbaines.
Des faiblesses constatées, des opportunités qui se présentent et des menaces qui se profilent, plusieurs orientations stratégiques sont faites, Il s’agira :
de renforcer la demande et l’offre de services intégrés de SR/PF/IST/VIH/sida adaptés aux adolescents et aux jeunes ;
- de renforcer le suivi-évaluation, la supervision et les recherches opérationnelles pour les interventions relatives aux jeunes et adolescents
Arrimé au PND 2016-2020 et élaboré à partir de la Politique Nationale de la Jeunesse (PNJ) 2016-2020, le Document de Stratégie Nationale de Protection des Jeunes a pour objectif de contribuer à la réduction des comportements à risque chez les jeunes en vue de leur assurer un environnement sain et protecteur.
De manière spécifique, il s’agit de :
Stratégie Nationale de Protection des Jeunes
Le dispositif institutionnel de mise en œuvre de la SNPJ se compose des organes suivants :
La DPJ est l’organe de coordination de la SNPJ. Elle est chargée de définir, organiser, orienter et réglementer la stratégie nationale en matière de protection des jeunes. Le responsable de la DPJ est désigné par décret, sur proposition du Ministre en charge de la Promotion de la Jeunesse.
Au regard des défis qui sont à relever et dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration du cadre de vie des jeunes et à la promotion de leurs droits en matière d’éducation, d’emploi et de santé en vue d’un mieux-être dans la société, plusieurs composantes opérationnelles seront mises en place. La mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Protection des Jeunes (SNPJ), se fera ainsi dans le cadre des missions et attributions spécifiques aux structures opérationnelles suivantes :
La DPJ définit et met en œuvre la Stratégie Nationale de Protection des Jeunes (SNPJ). A ce titre, elle s’occupe en tant que Direction technique ou de missions en charge de la Protection des Jeunes, de :
En outre, La DPJ appuiera les autres unités administratives, dans le cadre du dispositif intégré d’actions du Ministère, dans la formation et la sensibilisation des cibles sur les domaines relevant de ses missions et attributions.
La mise en œuvre de la SNPJ bénéficie de la collaboration de ministères techniques au plan institutionnel à travers des directions centrales et des structures sous-tutelle.
La mise en œuvre efficace de la SNPJ nécessite la prise en compte de la notion de décentralisation. Cela participe de la prise en compte des besoins et aspirations des jeunes en terme de promotion des droits humains au niveau local avec les collectivités décentralisées (Mairies, Conseils Régionaux, Districts). Les dites collectivités décentralisées à travers leurs organisations (ARDCI et UVICOCI), auront pour missions de :
Les Fédérations d’associations et d’organisations ou de mouvements de jeunesse sont des entités importantes dans la mise en œuvre de la SNJ 2016-2020. Pour les aider à exercer ensemble leurs activités leurs activités et de se développer convenablement, un cadre national de concertation et de coordination des programmes a été créé par décret n°2012-989 du 10 octobre 2012 et dénommé « Conseil National des Jeunes de Côte d’Ivoire » (CNJCI).
Cette structure s’inscrit dans la prise en compte des attentes des jeunes, notamment en ce qui concerne le renforcement de leur autonomisation et leur participation dans la définition des priorités de développement national de l’Etat. Le CNJCI aura ainsi pour missions essentielles de :
L’ensemble des populations jeunes vivant sur le territoire national sans distinction de sexe, de religion, d’appartenance politique sont concernés par la mise en œuvre de la SNPJ.
On considère comme étant Jeune, toute personne âgée de plus de 15 ans et de moins de 35 ans.
Dans cette tranche d’âge, on distinguera : les jeunes hommes et femmes, scolaires étudiants, non scolaires et déscolarisés, les jeunes handicapés, les jeunes urbains et ruraux, ceux vivant dans la rue, avec emploi, sans emploi ou sous-employé, malades ou sains et les jeunes dans les conflits armés, acteurs ou victimes de violences, d’abus, d’exploitations de toutes sortes.
La présente SNPJ couvre la période de 2016-2020 et est reconductible. Ladite période sera mise à profit pour développer des projets pour :
Les résultats ci-dessous sont attendus de la mise en œuvre de la SNPJ:
La ventilation du coût de la stratégie est classifiée par rubriques et domaines. On notera les ressources humaines, les infrastructures et les équipements, la formation et la prise en charge du personnel, l’achat des intrants, la maintenance, les autres charges ainsi que celles du suivi évaluation, des études et recherches prospectives et de la communication. Ces ressources reposent sur l’appui budgétaire de l’Etat, des partenaires, des collectivités décentralisées et des appuis du secteur privé.
Les ressources pour le fonctionnement, le plan de communication, le suivi-évaluation ainsi que pour l’investissement dans le cadre de la mise en œuvre de la SNPJ 2016-2020 sont adoptées par le Comité Interministériel, et inscrites au Budget Général de l’Etat.
Les partenaires techniques et Financiers, dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale seront sollicités en fonction de leur mandat ou de leur centre d’intérêt, à accompagner la mise en œuvre de la SNPJ 2016-2020. L’appui technique, matériel et financier des Partenaires au Développement dans le cadre de la mise en œuvre de la SNPJ sera un appui fort apprécié. De façon spécifique, certains Partenaires, notamment les partenaires du Système des Nations Unies entre autres : l’UNFPA, l’UNICEF, l’ONUSIDA, l’ONUDC et ONU Femmes appuient déjà la DPJ dans la mise en œuvre de ses activités. Cet accompagnement sera encore sollicité et fortement encouragé.
Des ONG seront identifiées pour la mise en œuvre de la SPNJ en particulier dans le cadre de la mobilisation communautaire, des ressources, de l’actualisation des orientations stratégiques, du suivi et de l’évaluation de ladite politique. On notera que certaines ONG sont déjà très actives dans la mise en œuvre de la SNPJ, ce sont :
La jeunesse constitue un maillon déterminant dans le paradigme du progrès de la Côte d’Ivoire. Améliorer ses compétences pour atténuer les différents risques et dangers, requiert la disponibilité d’une ressource humaine aguerrie au plan professionnel, au plan de l’éthique. La mise en œuvre de cette stratégie sera ainsi assurée par des professionnels, conseillers animateurs dans les emplois de fonctionnaires, d’Agents de l’Etat, de contractuels enseignants d’Education Permanente, bénévoles, volontaires et Experts de la Société Civile ou membres du Système des Nations Unies.
L’acquisition des compétences et l’amélioration de l’environnement protecteur des jeunes, nécessite l’utilisation de cadres aménagés et polyvalents d’accueil, d’information, de formation et d’orientation des jeunes. Ainsi, la mise en œuvre du plan stratégique nécessite la disponibilité de :
En vue de mobiliser la communauté, les acteurs et les parties prenantes, la Stratégie Nationale de Protection des Jeunes 2016-2020 doit être partagée et vulgarisée en permanence. Aussi, un plan de communication sera-t-il élaboré et mis en œuvre avec l’appui du Gouvernement et des partenaires, à travers :
La SNPJ est une stratégie transversale à toute la société et à tous les Ministères dont particulièrement quatorze d’entre eux, intervenant directement sur la cible concernée. L’implication active de chacun est donc un facteur essentiel dans son succès. Ainsi, le cadre stratégique doit être adopté par les différents Ministères pour créer les conditions d’un épanouissement des jeunes. Comme facteurs de risques, on notera donc de manière spécifique:
Pour répondre efficacement à la mise en œuvre de la stratégie, des indicateurs seront clairement définis. Un système de veille stratégique sera mis en place. Cette composante a pour objet de faire la collecte et l’analyse systématique des informations relatives à l’exécution de la mise en œuvre afin de déceler les difficultés qui surviennent et de les résoudre.
Le suivi-évaluation de la SNPJ est assuré par la Direction de la Planification et des Statistiques du Ministère en charge de la Promotion de la Jeunesse. Il produit dans ce cadre, un rapport annuel, soumis à la validation du Comité jeunesse. Ce rapport ressortira les leçons apprises, le GAP et les bonnes pratiques et sera partagé à l’ensemble des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de ladite stratégie.
La Stratégie Nationale de la Protection de la Jeunesse 2016-2020 en tant que paquet de services de prévention, organise et structure les activités préalablement définies sur la période. La jeunesse ivoirienne est engagée à être le reflet de l’ivoirien nouveau. Cette Jeunesse qui par sa compétence et sa détermination, doit contribuer au développement de la Côte d’Ivoire.
La Stratégie de Protection des Jeunes vise donc le mécanisme de mise en œuvre de la politique Nationale de la Jeunesse et son financement. Cette stratégie traduit l’engagement du Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du service civique, à contribuer, à promouvoir une insertion socio-économique durable et de qualité pour un meilleur épanouissement à la jeunesse.
Cette stratégie constitue par ailleurs pour le Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’emploi des Jeunes et du Service civique un excellent outil pour mobiliser et mutualiser la synergie des partenaires techniques et financiers et des ONG qui ont manifesté de l’intérêt pour promouvoir les droits des adolescents et des jeunes, et pour leur offrir des services de préventions et de soins SSRAJ/VIH/ fléaux sociaux en dehors des écoles dans l’équité et le respect du genre.